
Candice s'assit sur le fauteuil vert matelassé de la salle de jeux et put souffler un instant. Les enfants de l'hôpital avaient été particulièrement actifs ce jour-là pour son plus grand bonheur. Cependant, elle se sentait désormais lessivée. Elle avait pris le temps de prendre chacun d'eux dans ses bras avant de les voir retourner à leur chambre d'hôpital. Ce moment de séparation lui déchirait toujours autant le c½ur. Elle imaginait Maddy et les autres jeunes malades retourner à la monotonie de leur vie en péril, encastrés dans une pièce emplie de blanc alors que la salle où se trouvait la jeune Chapman était égayée par les couleurs les plus lumineuses qu'elle connaisse.
Après un instant de répit bien mérité, Candice se leva avec un certain mal, avant de se diriger vers la sortie de l'établissement. Elle souhaita saluer l'infirmière de garde, mais elle ne la trouva pas dans son bureau. Ce fut alors le visage triste que la jeune irlandaise quitta le service de pédiatrie pour la journée.
Il se faisait tard si bien que Candice n'avait pas prévu de rendre visite à Louis, qu'elle avait pu voir deux jours auparavant. Malgré l'heure, la jeune Chapman décida d'aller lui dire bonjour. Elle avait besoin d'un ami. Elle avait besoin de se confier. Elle avait besoin de Louis.
Elle fit quelques détours dans les couloirs avant de se retrouver dans l'aile où séjournait le jeune Tomlinson. Son sourire, disparut en même temps que les enfants après son intervention, réapparut subitement à l'approche de la chambre de Louis. Cependant, sa joie naissante fut brusquement rattrapée par la peur quand elle vit la porte entrouverte et la lumière éteinte dans la chambre de son amie. Son pas s'accéléra instantanément suite à cette découverte et Candice fut encore plus bouleversée de voir la chambre vide, une fois arrivée au pas de la porte.
Ses émotions devinrent incontrôlables si bien que les larmes jaillirent de ses yeux sans prévenir et vinrent inonder son visage enfantin. Candice n'osait pas mettre un pas dans la pièce de peur que la réalité vienne la frapper en pleine visage.
Mais que s'était-il passé ?
Candice était bien trop effrayée de découvrir la réponse, mais au lieu de faire les cent pas afin de trouver un médecin apte à répondre à ses interrogations, la jeune Chapman resta paralysée devant cette porte ouverte, donnant vue sur Dublin de nuit. Le paysage était magnifique, et pourtant Candice ne souhaitait pas s'en émerveiller. Son regard restait fixé sur le lit vide que Louis devait normalement occuper.
— Excusez-moi, vous êtes à la recherche de Louis ?
Candice se retourna brusquement à l'entente de prénom de son ami. Un jeune infirmier lui faisait face, et malgré ses troubles, la jeune femme le reconnut instantanément grâce à ses cheveux soigneusement attachés en un chignon serré.
— Dites-moi qu'il va bien, je vous en supplie, répondit Candice alors qu'une boule lui enserrait la gorge.
— Je suis malheureusement tenu au secret professionnel, Mademoiselle, déclara Harry d'un ton mélancolique.
Il détestait devoir répéter cette phrase à tout bout de champ, envers l'entourage non familial de ses patients. Il avait l'impression de briser le c½ur de milliers de personnes avec ces simples mots et il n'avait le mental assez solide pour se rendre coupable de toute sa peine.
Un silence accueillit ses dernières paroles et Harry fixa le visage déformé de la jeune Chapman. Ses yeux étaient bouffis, ses joues étaient humides, en contradiction avec sa bouche terriblement sèche, et la lueur triste dans ses yeux laissait présager qu'elle ne partirait pas de cet hôpital sans une réponse de sa part. Vaincu, le jeune infirmier se racla la gorge avant de poursuivre.
— Comme je vous le disais, reprit-il, je suis tenu par le secret médical. Je peux simplement vous affirmer que je n'ai jamais vu Louis dans un état aussi critique...
Harry aurait aimé finir sa phrase mais la jeune femme lui faisant face était en train de tituber, si bien qu'il dut se stopper pour la retenir de se retrouver à terre. Il fixa de nouveau Candice et son visage ne laissait rien transparaître désormais. Plus aucune lueur n'habitait ses yeux. C'était le néant total et cela déstabilisa l'infirmier.
— Je suis désolé de votre demander cela, mais vous ne pouvez pas rester ici, Mademoiselle, reprit alors Harry alors qu'il comprit que ses paroles étaient de nouveau blessantes. Je vous appelle un taxi ? Je ne serai pas tranquille de vous savoir rentrer seule dans cet état.
Candice n'écouta pas ce que lui disait le professionnel de santé et agrippa sa blouse blanche au niveau de l'avant-bras.
— Promettez-moi de me prévenir de chacun de ses changements d'états !
— Je n'ai pas le dr...
— Promettez-le-moi, s'il vous plait !
Le jeune Styles ne prit pas la peine de tergiverser davantage. Il tenait beaucoup à son patient et il savait que Louis aurait souhaité mettre son amie au courant. Tant pis pour la déontologie.
— Je vous le promets, Mademoiselle, déclara-t-il avec un mince sourire. Comment puis-je vous contacter ?
— Vous trouverez mes coordonnées dans le dossier des bénévoles de l'aile pédiatrie, au nom de Candice Chapman.
Cette dernière se surprit à parler d'un ton aussi professionnel qui était en totale contradiction avec ses sentiments. Concentrée pour maîtriser ses émotions, Candice sentit à peine la poignée de main que lui offrit le jeune infirmier avant de partir vers la chambre d'un autre patient.
***
Déboussolée, Candice sortit du taxi après lui avoir payé le trajet, plus raisonnable qu'elle ne l'aurait cru. Elle sourit au conducteur avant que ce dernier reparte aussi vite qu'il était arrivé. Le froid de la nuit frappa Candice de plein fouet. Le taxi était chauffé et elle le regrettait déjà, malgré l'odeur nauséabonde de nourriture qui émanait du coffre. Durant tout le trajet, la jeune Chapman s'était imaginé le coffre remplit de sac de nourriture que le chauffeur oubliait de descendre et laissait moisir là.
Une fois son manteau resserré sur ses frêles épaules, Candice couru vers son immeuble et claqua rapidement la porte derrière. Elle ne prit pas le temps de regarder si elle avait du courrier et elle emprunta les escaliers, ne souhaitant pas attendre l'ascenseur indéfiniment.
Candice ne pensait à rien. Depuis sa découverte à l'hôpital, son esprit était bloqué dans un mutisme qu'elle peinait à faire disparaître. Elle ne souhaitait qu'une seule et unique chose : arriver à bout de ces escaliers de malheur.
Arrivée à mi-chemin, la jeune femme s'arrêta sur le palier pour souffler un coup. Elle exprimait tant d'émotions si bien que son endurance n'était pas aussi fluide qu'à son habitude.
La deuxième moitié de l'escalier lui sembla plus périlleux, et Candice avait presque envie de cracher ses poumons devant sa porte, mais elle se retint et entra chez elle.
Elle ne s'attarda pas dans l'entrée et alla directement dans le séjour, où Beckett l'attendait sagement sur le canapé. Elle vint lui faire une caresse machinale avant d'ôter ses chaussures, les yeux rivés sur la télévision éteinte.
— Candice, est-ce que c'est toi ?
La voix de Niall résonna à travers l'appartement. Le simple son de la voix du blond sortit Candice de sa torpeur. Son regard lâcha la télévision pour se bloquer quelques instants dans celui du chiot. Après cela, Candice se dirigea vers la chambre de son colocataire et y entra, sans être invitée.
— Candice, que se passe-t-il ? s'écria Niall en apercevant la mine affreuse de son amie qui restait muette. Candice, regarde-moi !
Le jeune Horan était inquiet, cela se ressentait dans son attitude. Il avait beau chercher à entrer en contact avec le regard de son amie, cette dernière ne le fixait pas en retour.
— Candy Pop's...
Instinctivement, Candice releva la tête et Niall put voir ses joues noyées par les larmes. Des traces noires de maquillage lui barraient le visage et son regard était vide d'expression et pourtant, empli d'émotions contradictoires.
— Serre-moi fort dans tes bras, Niall, supplia la brune qui peinait à tenir debout.
Toute animosité envers son colocataire s'était évaporée de Candice. Elle avait besoin de lui plus que jamais et le manque des dernières semaines se faisait durement ressentir.
Hébété, Niall ne sut quoi faire. Il avait oublié comment être tendre avec Candice. Des jours sans s'adresser un mot, sans la toucher, sans la prendre dans ses bras. Ses gestes lui reviendrait-il naturellement ? Il n'eut pas le temps de se poser plus de questions qu'une seconde supplique vint lui déchirer le c½ur.
— S'il te plait, Niall.
Et le jeune blond ne se fit pas prier. Avec force et douceur, Niall encercla ses bras autour du maigre corps de son amie et il cala sa tête dans le creux de son cou. L'irlandais avait sa réponse : tout était si naturel. C'était comme si la place de Candice était d'être dans ses bras depuis tout ce temps. Alors, Niall en profita. Il ne savait pas combien de temps, ce moment de répit, de cesser le feu, allait durer. Et malgré la tristesse qui accablait Candice, il ne pouvait que sourire de retrouver sa meilleure amie. Les yeux de chacun étaient clos et pourtant, Niall était prêt à jurer que leur chien était entré dans la pièce pour participer à ce moment de partage. Un partage douloureux, mais un partage qui fait du bien.
Après un laps de temps conséquent, Candice se desserra de l'emprise de son amie et lui claqua un baiser sur la joue. Après cela, elle s'installa sur le lit, Beckett sur les genoux, et décida de parler. Elle évoqua l'état de Louis toute la soirée durant, jusqu'à tomber dans les bras de Morphée, Niall à ses côtés.
***
Candice avait appelé Anita le lendemain matin. Elle lui avait brièvement annoncé la nouvelle et avait demandé quelques jours de repos, ce que sa chef avait accepté avec beaucoup de compréhension.
En début d'après-midi, la jeune Chapman était allongée sur le sofa, enroulée dans un plaid avec une tasse de thé fumante et en magazine en main. Beckett dormait à ses pieds et Candice s'amusait à le chatouiller avec ses orteils quand le chiot commençait à ronfler. Cela la faisait rire de le voir se réveiller puis de se rendormir instantanément.
Elle aurait aimé passer la journée avec son meilleur ami, mais ce dernier avait cours et elle lui avait ordonné à contre-c½ur de s'y rendre bien que Niall souhaitait être à ses côtés. Il venait de finir les cours et Candice comptait les minutes jusqu'à son retour.
Maintenant que la réconciliation était faite, elle souhaitait passer tout son temps à ses côtés. Ses sentiments à son égard ne l'aidaient pas à faire la part des choses, mais elle avait besoin de Niall dans sa vie. Elle en était certaine.
Ses pensées s'alternaient entre le retour de Niall et la santé de Louis. Elle n'avait reçu aucun message ni appel depuis la veille et elle ne savait pas si elle devait s'inquiéter ou se rassurer. Candice était perplexe mais préférait voir le côté positif des choses : si Harry n'appelle pas, c'est que l'état de son ami ne se dégradait pas.
— Tu vas t'en sortir, Louis.
Un sourire se dessina sur le visage de la brune en évoquant cet espoir à voix haute.
Alors que Candice lisait la double page culturelle de son magasin, la porte claqua et Niall fit son apparition, l'air ronchon.
— Je n'en peux plus de cette pluie, il est temps qu'elle se termine ! s'exclama-t-il en secouant ses cheveux au-dessus de l'évier.
Candice ne répondit rien, mais son rire enfantin valait toutes les réponses du monde.
Le blond vint s'installer à ses côtés et posa sa tête sur l'épaule de son amie en fermant les yeux.
— Tu as eu des nouvelles ?
Son ton était grave. Candice n'eut pas besoin de demander plus de précision : elle savait qu'il parlait de Louis.
— Aucune.
Un court silence envahit la pièce avant que Niall ne tourna la tête pour déposer un baiser sur la tempe de Candice.
— C'est peut-être bon signe, non ?
— C'est ce que j'essaie de penser, mais c'est compliqué de positiver, déclara la brune le regard dans le vide.
— Je sais bien.
Ce fut la seule réponse que le blond réussit à lui offrir sans gaffer.
— Mais j'ai peut-être une idée, reprit Candice en se tournant vers son colocataire. Et j'aimerai beaucoup avoir ton avis sur la question, finit-elle en se mordant la lèvre inférieure.
Niall ne put que sourire face à ce geste.
— Je t'écoute, Candy Pop's.
— J'aimerai me confier à Marcus, sur cette situation, commença-t-elle alors que le regard de Niall devenait noir suite à l'évocation de cet homme. Me regarde pas comme ça et laisse-moi finir plutôt !
Le jeune Horan ne put se retenir d'échapper un rire suite à l'ordre non crédible de son amie.
— Je disais donc que j'aimerai en parler à Marcus. Non pas que je veuille lui avouer tous mes malheurs car je ne me sens pas encore assez proche de lui, mais il a connu le deuil avec ma mère. Peut-être qu'il pourrait me comprendre.
— Louis n'est pas mort, trancha Niall, les sourcils froncés.
— Je ne le sais que trop bien ça, mais Marcus a accompagné ma mère jusqu'à la fin. Je suis sûre qu'il pourrait comprendre, s'entêta Candice.
Niall toussa. L'idée que sa meilleure amie se confie sur la maladie de Louis ne lui plaisait guère. Marcus ne méritait pas de savoir cette histoire. Il ne méritait pas d'avoir l'opportunité de réconforter Candice. C'était son rôle à lui, pas à Marcus. Depuis cette journée où il l'avait croisée sur le trottoir alors qu'elle s'était écorchée le genou, Niall était devenu l'homme responsable dans sa vie. Pas Marcus. Le blond était peut-être égoïste de penser cela, mais c'était la pure vérité. Cependant, il ne souhaitait pas que son égoïsme puisse porter préjudice à Candice. Ce fut pourquoi Niall ravala sa fierté et mit ses principes de côté.
— C'est vrai qu'il pourrait te comprendre et t'épauler dans cette épreuve, lâcha enfin le blond à contrec½ur.
— Je ne m'attendais à cette réponse venant de toi, Niall, s'étonna Candice en se redressant de tout son corps.
Niall non plus, ne s'était pas attendu à ça...
***
L'appartement était plus en ordre que la dernière fois. Seule une poignée de carton était encore visible dans un angle de la pièce principale. Marcus les avait gardés pour plus tard. Il était déjà bien installé, il n'y a que des objets futiles dans ces caisses : il pouvait prendre son temps.
Candice était assis dans un fauteuil, le regard fixé sur le tableau lui faisant face. La toile représentait une montagne verdoyante où des arbres émanaient de la terre de façon linéaire. La jeune Chapman n'arrivait pas à voir la signature d'où elle se situait, mais elle avait déjà beaucoup d'admiration pour cet auteur inconnu. Elle aimait ce tableau. Elle l'adorait même.
— Tu l'aimes ? intervint Marcus en entrant dans la pièce avec deux tasses fumantes dans les mains.
— Beaucoup.
Candice lui sourit puis attrapa sa tasse. Elle la serra fort entre ses mains. Cette sensation de chaleur qui partait de ses doigts pour parcourir tout son corps lui fit un bien fou. Un soupir de bien-être s'échappa de ses lèvres avant qu'elle ne boive une longue gorgée de thé.
— Tu prends tes repères ? demanda Candice en désignant la pièce des yeux.
— Oui, très bien. Je me sens bien dans cet appartement, sourit l'homme.
— Tu m'en vois ravie.
Candice but une seconde gorgée. Le nez engouffré dans sa tasse, la jeune Chapman ne savait pas comment aborder le sujet qui la tracassait. Sur la route, elle avait vérifié son téléphone des dizaines de fois, et aucune nouvelle de Louis ou d'Harry.
— Tu sembles pensive, Candice, remarqua Marcus. Quelque chose ne va pas ?
C'était le moment rêvé pour lui poser la question. Mais si la question le rendait triste, comment Candice réussirait-elle à gérer la situation ?
— Comment as-tu vaincu les derniers mois de Maman ? Je veux dire, quand elle était malade et sur le point de...
La phrase était sortie toute seule, sans même prendre davantage le temps réfléchir. Cependant, Candice réussit à se stopper avant le mot fatidique. Celui qui la ferait tant souffrir.
La jeune femme était fière d'elle. Après tant d'années de souffrance, elle pouvait enfin parler de cette passe de sa vie avec son père biologique. Un sourire triste et confiant vint illuminer son visage et avant même que son regard se pose sur Marcus, ce dernier lui assena une lourde gifle qui fit basculer sa tasse.
Le thé imprégnait désormais le parquet flottant.
Bonjour, bonsoir, j'espère que vous allez bien. Je suis désolée pour cette longue absence de plusieurs mois. Je ne suis pas si je suis légitime d'être pardonnée, mais je vous demande tout de même pardon. Si vous souhaitez plus d'explication, je vous conseille de lire l'article précédent. J'espère que ce chapitre 16 vous aura plu. On s'approche doucement mais sûrement de la fin. Je suis heureuse d'être de retour sur la plateforme et je remercie ceux et celles qui continuent de me soutenir ♥.
♥ pour être prévenu
Jeanne